Chaque année, les médecins du travail de la MSA qui interviennent sur chacun de
nos trois départements transmettent au CHSCT un rapport d’activité qui, pour
l’année 2014, a été remis le 16 juin dernier. Nous vous en reproduisons
ci-dessous la partie finale qui traite de leurs visites:
« Observations et synthèse générale
Lors des visites est aussi remonté
l'envahissement grandissant de la charge administrative sur la journée de
travail. Plusieurs facteurs entrent en jeu : la diminution ou la disparition de
l'assistance, les évolutions concernant la règlementation, les obligations
légales qui augmentent en parallèle.
Compte tenu de la demande de temps commercial
et de la nécessité d'atteindre des objectifs quantitatifs qui s'accroissent,
les salariés rapportent de façon très régulière voire quotidienne une
augmentation du volume horaire de leurs journées de travail, en arrivant plus
tôt le matin, en raccourcissant la pause du midi, et en finissant plus tard le
soir.
Il
s’avère que malgré les recommandations diffusées par notes internes du service
RH, les heures supplémentaires ainsi effectuées ne soient ni comptabilisées ni
rémunérées, en vertu de « traditions » internes imposées et validées tacitement
par les directeurs d’agences, et propres au Crédit Agricole. L'impact de cette
situation sur l'équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale, et
à moyen terme sur l'état de santé, doit être mesuré par l'entreprise. »
Depuis de nombreuses années, la CGT comme
d’autres organisations syndicales, dans l’ensemble des instances
représentatives du personnel, dénonce la surcharge de travail, les heures
supplémentaires faites (et non payées) et la lassitude des salariés concernés.
A chaque fois, la direction de l’entreprise ne nous répond que par le déni (« Il n’y a que de petits dépassements
ponctuels. Cela fait partie du métier commercial, nous ne sommes pas des
fonctionnaires. Vous êtes mal organisés. Etc… »)
La position courageuse prise par les médecins du travail reflète une vérité
qui dérange.
Elle dérange d’autant plus qu’elle
est « propre au Crédit Agricole ». Cela ne veut pas dire que
cela n’existe pas ailleurs mais de façon moins systématique ou avec
reconnaissance et paiement des heures effectuées.
Officiellement, selon le bilan social, sur
l’ensemble de l’année 2014, seules 26 personnes ont eu des heures
supplémentaires payées (dont seulement 9 personnes dans le réseau).
En 2014, il y a eu 8 licenciements pour
inaptitude. Cela ne s’ébruite pas mais, aujourd’hui, de plus en plus de
collègues « craquent ». Tant sur les sites qu’en agence. Sur les
sites, dans les services de production, les chantiers « d’excellence
opérationnelle » ont fait leur œuvre. Les tâches ont été analysées, minutées
et les effectifs réduits.
En agence, là aussi les effectifs ont été
réduits. Les métiers d’assistance ont disparu. L’exigence de qualité demandée
aux conseillers n’a pas été compensée par une baisse des objectifs, loin de là.
Entre 2007 et 2014, les effectifs CDI ont diminué de 145 personnes. Le nombre
du personnel d’exécution diminue plus rapidement encore au profit de chargés de
mission ou de projets (qui parfois se percutent), peut être utiles mais
évidement pas opérationnels au service des clients.
La mise en place du projet BPH va encore
déséquilibrer le réseau de proximité (moins 50 personnes) et déstabiliser les
collègues, notamment les Conseillers Particuliers.
Selon la loi, le Directeur de l’entreprise est responsable de la santé de
ses salariés.
La dernière phrase du rapport des médecins
du travail est très claire. Elle invite la direction à agir dès maintenant, et
à prendre, réellement, la « mesure » de cette situation qui peut
devenir dangereuse pour l’état de santé des salariés.
Cela passe par une reconnaissance
effective des heures supplémentaires et de leur paiement.
Cela passe surtout par l’arrêt de la
baisse des effectifs globaux, voir par une augmentation de ceux-ci, par une réallocation des moyens vers les
services de production et dans les agences et, peut être par le report de
certains projets plutôt mineurs, qui n’ont parfois comme but que de valoriser
tel ou tel, ou de produire des beaux tableaux EXCEL, pleins de couleurs
(généralement à but de contrôle), mais dont la valeur ajoutée réelle est nulle.
Monsieur le
Directeur, la santé des salariés n’a pas de prix. Agissez pour qu’elle n’ait
pas un coût social.