Conseil CGT : Euh, pas tout à fait.
Salarié du CA : Ah bon ?
Conseil CGT : Tout d’abord, c’est 10 % des RCE.
Salarié du CA : Ah, c’est quand même bien.
Conseil CGT : Oui, mais on t’en reprend par ailleurs.
Salarié du CA : Comment ça ?
Conseil CGT : En fait, il s’agit d’une simple translation.
Salarié du CA : ça veut dire quoi ?
Conseil CGT : Tu sais que ta rémunération globale annuelle est composée de six pavés :
Les RCE
Les RCI
Les RCC (compléments familiaux et autres)
La Prime Vacances
La REC
L’Intéressement et la Participation
Salarié du CA : Oui, je sais, et alors ?
Conseil CGT : Alors la translation, ça veut dire que :
1) On ne touche pas à tes RCC
2) On augmente tes RCE de 10 %
3) On supprime ta prime vacances
4) On diminue ta REC de 30 %
5) On diminue ton intéressement et participation de 7%
6) Selon ta situation, on équilibre le tout en enlevant ou ajoutant des RCI
… et en échange :
Salarié du CA : Ouh là ! Ce n’est pas clair. J’y gagne ou j’y perd ?
Conseil CGT : En fait, ni l’un, ni l’autre. Suite à cette translation, ta rémunération annuelle nette restera la même. C’est ce qu’on appelle l’iso net.
Salarié du CA : Beh, il parait que ça coûte cher à l’entreprise pourtant ?
Conseil CGT : Ce qui coûte à l’entreprise, c’est l’intégration de 7 % de l’intéressement et RSP car, sur cette partie, l’entreprise devra verser des cotisations sociales salariales et patronales. Cela représente environ 740 000 euros.
Salarié du CA : C’est sympa de la part de la direction.
Conseil CGT : A’ cela, il faut ajouter 200 000 euros (100 euros par salarié et par an) pour la mutuelle.
Comme tu le sais, la loi oblige maintenant l’entreprise à payer 50 % d’un socle commun de ta mutuelle. Ce socle t’apportera moins de garanties mais te coûtera moins cher. Il te sera proposé, si tu le souhaites, de prendre une surcomplémentaire en option, que tu paieras bien sûr.
Salarié du CA : Ah oui ! Donc, au global, ça coûtera quand même 940 000 euros à l’entreprise.
Conseil CGT : La masse salariale (plus intéressement) annuelle de l’entreprise est de 128 millions
d’euros. Le coût représente donc 0,7 % de cette masse.
Mais, déjà, l’entreprise regagne environ 350 000 euros par le simple fait que la REC est souvent payée à plus de 100%. La base de REC étant moins élevée, à résultat égal, tous ceux qui feront plus de 100% toucheront moins qu’auparavant.
Salarié du CA : Ah oui ! Cela m’embête un peu parce que je suppose que mes objectifs ne vont pas diminuer, eux. Mais bon, si c’est décidé, c’est que ça doit être bien.
Conseil CGT : De plus, depuis le 1 er avril 2016, l’entreprise bénéficie de nouveaux « allégements de charges ». Depuis 2015, des allègements de cotisations patronales existaient mais ne portaient que sur les salaires inférieurs à 1,6 fois le SMIC. Maintenant, les cotisations d’allocations familiales payées par l’entreprise sont abaissées de 1,8 point à compter du 1er avril 2016 pour les salaires compris entre 1,6 et 3,5 Smic.
On ne connait pas encore le montant du gain mais le tout devrait presque couvrir les 940 000 euros. Peut-être même plus.
Salarié du CA : AH, et bien tant mieux. Parce que c’est vrai que ça coûte cher les salaires. Il faut penser à la pérennité de l’entreprise quand même.
Par contre, pour ma rémunération à moi, donc elle n’augmente pas. Y a pas les 10 % d’augmentation, même pas ne serait-ce que 1 ou 2%. On m’aurait menti ?
Conseil CGT : Oui, je le crains.
Super désillusion !