5. Sur l’ouverture à la concurrence
Vous entendrez peut-être :
L’ouverture à la concurrence c’est mieux ! Ca va faire baisser les prix et améliorer le service ! Regardons les faits…
Vous pourrez répondre
Pardon, de vous contredire, Marie-Chantal, mais la concurrence dans les économies de réseau a toujours abouti à la constitution d’oligopoles de 3 ou 4 entreprises privées se partageant le marché et la en l’occurrence avec des fonds publics !
Il en résulte systématiquement une augmentation des tarifs et une baisse de la qualité des services et des infrastructures car l’ouverture à la concurrence ne permet plus la régulation des prix et surtout la péréquation (les trafics « rentables » ne couvrent plus les « non rentables »). En Grande Bretagne, la concurrence dans le transport de voyageurs par chemin de fer s’est accompagnée d’une augmentation des accidents ferroviaires, des tarifs payés par l’usager (de 27 % en 7 ans), et du montant des contributions publiques payées par les contribuables. Les seuls à bien s’en sortir sont les groupes multinationaux de transport eux-mêmes, qui ont vu leurs profits atteindre des niveaux record. C’est la raison pour laquelle en 2002, la grande Bretagne a renationalisé la gestion de l’infrastructure ferroviaire. Aujourd’hui 67 % des britanniques souhaitent une renationalisation complète
En France, la concurrence dans les relations ferroviaires internationales de voyageurs a engendré une concentration des trafics sur les axes les plus rémunérateurs. Dans les autres grands secteurs en réseau de service public (Poste, Télécommunications, Energie), l’arrivée de la concurrence n’a pas fait baisser les prix ; ils ont augmenté ! Depuis l’ouverture à la concurrence, le prix de l’électricité a augmenté de 30 % et celui du gaz de 80 %. Quant à la téléphonie, alors que la France était en pointe dans le cablage haut débit (ADSL) dans les années 90, elle est maintenant dans le peloton de queue européenne pour la fibre, les opérateurs refusent de financer son installation sur 40 % du territoire.
Vous entendrez peut-être aussi :
L’ouverture à la concurrence est obligatoire
Et vous pourrez répondre :
Mais n’importe quoi ! (gardez votre calme)
Le règlement européen traitant des obligations de service public dans les transports de voyageurs par fer et par route, modifié en décembre 2016, prévoit toujours des possibilités d’attribution directe sans passer par un appel d’offres. Il précise que « Sauf interdiction en vertu du droit national, l’autorité compétente peut décider d’attribuer directement des contrats de service public relatifs à des services publics de transport de voyageurs par chemin de fer : a) lorsqu’elle considère que l’attribution directe est justifiée par les caractéristiques structurelles et géographiques pertinentes du marché et du réseau concernés, et notamment leur taille, les caractéristiques de la demande, la complexité du réseau, son isolement technique et géographique et les services couverts par le contrat ; et b) lorsqu’un tel contrat aurait pour effet d’améliorer la qualité des services ou le rapport coût-efficacité, ou les deux, par rapport au précédent contrat de service public attribué ».
D’ailleurs pour l’Ile-de-France le Gouvernement a annoncé repousser l’ouverture à la concurrence à 2039 car ils jugent cruciale certaines lignes à l’économie de la capitale. Ce qui est faisable pour Paris est faisable à l’échelle nationale.
Suite la semaine prochaine !
Source : https://syndicoop.info/sncf/