1€ COTISÉ = LES MÊMES DROITS À RETRAITES. OUI, MAIS QUELS DROITS ?
Emmanuel Macron a annoncé qu’ 1€
cotisé ouvrirait à chaque salarié.e les mêmes droits. Derrière cette apparente
équité se cachent trois problèmes.
- D’abord le calcul de la retraite
ne se ferait plus sur les 25 meilleures années mais sur l’ensemble de la
carrière.
- Ensuite, les mécanismes de
solidarité qui neutralisent les aléas de carrière (chômage, maternité...)
pourraient être plafonnés, voire totalement supprimés.
- Surtout, ce principe d’équité
ne nous dit rien sur le contenu de nos droits à retraite. Que représentera le
montant de la pension par rapport au salaire de fin carrière ? Quel montant de
retraite ? Quel âge de départ ?
Ce sont les questions de base que
nous nous posons toutes et tous. Et là-dessus aucune réponse. Et pour cause...
UN RÉGIME PAR POINTS, À COTISATION DÉFINIES, C’EST QUOI ?
Le gouvernement nous annonce un
régime par points, à cotisations définies. Qu’est-ce que cela signifie ? Que
chacun percevra en fonction de ce qu’il aura cotisé durant toute sa carrière,
mais que le montant de la pension ne sera pas garanti et ne sera connu
seulement qu’au moment du départ en retraite.
Ce qui est bloqué c’est le
montant des cotisations, que le gouvernement ne veut pas augmenter. Si elles ne
suffisent pas à financer les pensions, les retraites seront revues à la baisse.
Mais compte tenu de l’allongement
de l’espérance de vie, ce montant ne suffira pas : en conséquence, les
retraites seront réduites, y compris celles déjà liquidées.
La certitude que nous pouvons
donc avoir, c’est que nous serons toutes et tous perdants.
Le détail de la réforme n’a pas été dévoilé. Mais nous savons d’ores
et déjà que 3 facteurs nous pénaliseront directement.
- Le montant des pensions sera
calculé sur l’ensemble de la carrière, sur les 43 annuités cotisées, au lieu
des 25 meilleures années dans le privé et des 6 derniers mois dans le public.
Ceci pénalisera directement ceux
qui ont une progression de carrière.
- Pour les femmes: la double
peine. Les femmes sont payées en moyenne 26 % de moins que les hommes et
touchent une pension 40 % plus faible. Ces inégalités sont en partie compensées
par les droits familiaux, avec la validation des congés maternité et parental
et les pensions de réversion en cas de décès du conjoint. Ces droits ont pour
objectif de maintenir le niveau de vie, ils sont donc accessibles à toutes les femmes,
et leur montant est proportionnel au salaire. Le gouvernement veut les
remplacer par un filet de sécurité minimum, limité aux femmes dont les
carrières sont les plus précaires.
- L’objectif ? Réorienter les
salarié·e·s solvables vers la capitalisation.
La baisse générale programmée des
pensions, vise à généraliser les retraites par capitalisation comme complément
de retraites. Pourtant, les expériences étrangères et la crise financière ont
montré à quel point les retraites par capitalisation sont risquées et peuvent
s’évaporer en cas d’effondrement boursier. Ajoutons qu’elles contribuent à la
financiarisation de l’économie, détruisent de l’emploi et alimentent la spéculation
au détriment de nos entreprises.
Qui seront les seuls gagnants de
cette réforme ? Les banquiers et les
assureurs..
DES RETRAITES GARANTISSANT LE NIVEAU DE VIE DE CHACUN·E, C’EST
POSSIBLE
Notre système de retraite a été
construit en 1945, alors que le pays était ruiné. Son fondement : pour mieux
protéger les plus faibles, il faut un système universel qui maintienne le niveau
de vie de tous et toutes.
Pour assurer l’avenir de nos
retraites par répartition, la CGT propose :
- De nouvelles ressources
Mettre en place un droit à la
retraite à 60 ans, avec un minimum de 75 % net de son salaire net de fin de carrière,
est à notre portée avec de nombreuses possibilités de financement :
- La suppression des aides et des
exonérations de cotisations des entreprises, inefficaces pour l’emploi (200
Mds, Cour des Comptes).
- L’assujettissement à
cotisations sociales de l’ensemble de la rémunération (intéressement,
participation...) et un relèvement modéré des cotisations retraites.
- La mise à contribution des
revenus financiers des entreprises qui, au contraire des revenus financiers des
particuliers, sont totalement exonérés.
- Une maison commune des régimes de retraites
Les différents régimes de
retraite (public, privé, régimes spéciaux...) ont été construits pour s’adapter
aux contraintes spécifiques de secteurs professionnels et prendre notamment en
compte la pénibilité. La CGT propose, tout en maintenant le niveau des droits
de chacune et chacun, de les intégrer dans une maison commune des régimes de
retraites, ayant pour objectif d’assurer la mise en œuvre d’un socle commun de droits
à la retraite, d’instaurer une véritable solidarité des régimes dans le but de
promouvoir pour toutes et tous des retraites de haut niveau et de garantir la pérennité
financière des régimes par l’anticipation de ressources suffisantes.
- La prise en compte des années d’études
Alors que l’accès au premier
emploi stable a lieu à 27 ans en moyenne, contraindre les jeunes à cotiser 43
annuités pour avoir une retraite à taux plein équivaut à une mission
impossible, surtout quand on sait qu’à 62 ans seul un actif sur deux est encore
en emploi. Nous proposons donc la prise en compte des années d’études et
d’insertion dans le calcul de la Retraite, pour garantir le droit à retraite
des nouvelles générations.